Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/107

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Souhaitons seulement que cette publication leur apporte sur le front les vœux d’une France aussi unie qu’eux et aussi vaillante.

Nous recevons une nouvelle offre d’alliance. Elle émane du Portugal et nous est transmise par notre ministre à Lisbonne, mon ancien chef de cabinet de 1912, M. Daeschner52. Notre conseil de défense nationale y est très sensible, mais il redoute un peu qu’une intervention portugaise n’indispose l’Espagne. Il accueille donc les ouvertures du gouvernement de Lisbonne avec reconnaissance, mais avec réserve, et n’est pas d’avis de précipiter le mouvement, surtout en dehors de l’Angleterre.

L’empereur Nicolas II a pris l’initiative d’adresser un manifeste aux populations polonaises de Russie, d’Allemagne et d’Autriche, pour leur notifier solennellement son intention de rétablir leur unité nationale. D’après ce que M. Sazonoff a confié à M. Paléologue, la Pologne reconstituée jouirait d’une autonomie locale ; elle aurait toute garantie pour l’exercice du culte catholique et l’usage de la langue ethnique. Elle serait gouvernée par un lieutenant de l’empereur de Russie53. Cette proclamation, signée du grand-duc Nicolas, porte : « L’heure a sonné où le rêve traditionnel de votre père et de vos aïeux va se réaliser. Il y a un siècle et demi que le corps vivant de la Pologne a été déchiqueté en morceaux, mais son âme n’est pas morte. Elle a vécu de l’espoir que viendrait l’heure de la renaissance du peuple polonais, l’heure de la réconciliation avec la grande Russie… Qu’il retrouve son unité sous le sceptre