Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/109

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la proposition de l’Angleterre. Il continue à voltiger de branche en branche, sans consentir à se percher nulle part.

En revanche, dans une question d’ordre pratique, le ministre russe des Finances, M. Bark, a des projets très nets. Il insiste de la façon la plus pressante pour que nous facilitions aux porteurs français de fonds russes l’encaissement de leurs coupons55. Plus que jamais, dit-il à M. Paléologue, la Russie tient à prouver que son crédit est au-dessus de toute atteinte. Il demande donc qu’un fonds spécial soit constitué à la Banque de France. Les correspondants du Trésor russe y verseraient des sommes égales à celles des arrérages acquittés par eux chaque mois de l’année dernière. Le service des emprunts serait assuré directement par les soins de la Banque de France. Par suite du moratorium, il faudrait, pour parfaire les montants nécessaires, que la Banque vint en aide à ces correspondants par des escomptes, sur la garantie du gouvernement russe. En d’autres termes, la Russie demande à la Banque de France des avances éventuelles, qui deviendront sans doute effectives et peut-être iront grandissant. Mais comment refuser ? Comment laisser impayés, pendant la guerre qui commence, les coupons qui forment, en France, le pécule d’un si grand nombre de paysans et de petits bourgeois ?

Le field marshal French me rend visite un peu avant trois heures de l’après-midi. Il est accompagné par sir Francis Bertie. Lorsqu’il est sorti de la gare du Nord, sans ostentation et sans apparat, il a été l’objet d’ovations émouvantes. Il a été hier