Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ont jamais pu prendre complètement pied sur les hauteurs de la rive droite. Par contre, le corps qui débouchait par Château-Salins — le XXe, précise l’officier — avait pu s’avancer en direction de Morhange, peut-être un peu trop vite et avant que fussent arrivées les troupes chargées de couvrir son flanc gauche. C’est ce corps qui, pris de front et de flanc, a le plus souffert. Ses pertes sont sérieuses et il a laissé vingt et un canons entre les mains de l’ennemi. Actuellement, les troupes de la 2e armée se sont repliées vers Nancy pour se reposer et se refaire. L’ennemi paraît avoir, de son côté, beaucoup souffert. Ces rudes et sanglants combats ont amené un recul de ceux de nos éléments qui opéraient vers Sarrebourg et dans la vallée de la Bruche. Pour ne pas se trouver en pointe, ils se sont repliés sur la ligne générale de la Vezouse et du col de Saales. La situation est. toujours bonne en Alsace, où nous sommes aux portes de Colmar. Dans le Nord, nous avançons. L’ennemi cherche à investir et à attaquer Namur, et il s’est présenté sur la Sambre. »

Il apparaît donc que c’est une grave défaite que nous avons essuyée en Lorraine. Nous y avons perdu tout le terrain que nos armées de l’Est y avaient si péniblement conquis. L’officier, qui a vu les troupes devant Nancy, me dit cependant que la version allemande est fausse : il n’y a eu ni débandade, ni fuite. Le XVe corps a cédé devant des forces supérieures, mais il est resté dans la main de ses chefs et le nombre des prisonniers n’a pas dû être très important. Les pertes allemandes sont fortes. Les nôtres en morts, blessés et disparus, doivent être d’environ cinq mille hommes. Les XVe, XVIe, XXe corps se reconstituent.