Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/251

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vagues de la ville endormie. Le train nous emporte et, dans la nuit, sa marche est constamment ralentie par des passages de troupes qui montent vers le Nord ou par des convois de blessés qui descendent dans l’autre sens, vers des ambulances lointaines.



18. Papers relating to the foreign relations, etc., (op. cit.), p. 83.
19. Papers relating …, etc., p. 86.


Jeudi 3 septembre

Nous voici donc revenue, en tenue funèbre, dans la belle cité girondine où nous avons passé, l’an dernier, Mmc Poincaré et moi, des heures si joyeuses et si ensoleillées. Le député-maire, M. Charles Gruet, nous attend à la gare, avec quelques autorités locales. Les vivats de la population qui, en 1913, résonnaient si gaiement à nos oreilles, ne se font plus entendre aujourd’hui qu’en sourdine, mais si discrets qu’ils soient, je les trouve encore excessifs et ils me causent une sorte de malaise Nous descendons à cette même préfecture, où nous étions déjà logés lors de ma visite officielle. Mais cette fois, en prévision d’un séjour plus prolongé et à raison de la présence du général Duparge, des officiers, de Félix Decori, des secrétaires, des télégraphistes, le préfet, M. Bascou, et sa femme ont dû déménager en moins d’une journée et je suis vraiment confus des embarras qui leur ont été imposés. Nous sommes ici, sinon dans la zone des armées, du moins sous le régime de l’état de siège qui est appliqué à la France entière et qui ne ménage guère ni les gens ni les choses.

La préfecture était, il y a quelques années, l’archevêché. L’hôtel où elle est installée a été laïcisé sans changer de physionomie. Il est séparé d’une voie très commerçante, la rue Vital-Caries, par un