Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/253

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troupes alliées sur les bords de la basse Seine. À cet égard, je ne connais rien de nouveau, et je me demande s’il va falloir attendre, pour notre rétablissement, que nous ayons reculé, sur la haute Seine et sur l’Yonne, jusqu’aux retranchements que viennent, d’avance, de préparer pour nos armées combattantes les réservistes de la territoriale.

Je reçois les sénateurs et députés Girondins de toutes opinions, venus pour me saluer et plus encore, je suppose, pour avoir des nouvelles. Je leur dis ce que je sais et ils trouvent que c’est peu.

Mon frère Lucien, qui a dû, comme directeur de l’enseignement supérieur au ministère de l’Instruction publique, se rendre de Paris à Bordeaux, avec tous les autres chefs de service, a mis vingt-cinq heures à faire le trajet en chemin de fer. Ma belle-sœur et lui viennent nous voir à la préfecture et nous reprenons, quelques instants, ces conversations familiales, qui sont, dans ma vie tourmentée, mes seules consolations.

À la fin de la journée, Viviani, Briand, Millerand, me disent qu’un Conseil de cabinet s’est tenu à l’Hôtel de Ville. Le général Gallieni a télégraphié au ministre de la Guerre que tout est calme à Paris et que l’armée Maunoury a définitivement pris ses positions dans le camp retranché. Les trois ministres ajoutent que Delcassé a fait connaître à ses collègues la victoire complète des Russes en Galicie. D’autre part, sir Ed. Grey a dit à M. Paul Cambon qu’il ne croyait pas possible de répondre au désir de M. Sazonoff et de demander nu Japon un concourt militaire en Europe ; il insiste, en revanche, auprès du gouvernement de Tokyo pour l’envoi d’une escadre en Méditerranée.