Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/28

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que le général Joffre lui a offert il y a deux ans17.

L’empereur Nicolas II a dit à M. Paléologue : « Pour obtenir la victoire, je sacrifierai jusqu’à mon dernier soldat. Tant qu’il y aura un soldat allemand sur le sol russe ou sur le sol français, je ne signerai pas la paix. Aussitôt la mobilisation terminée, j’ordonnerai la marche en avant. Mes troupes sont pleines d’ardeur. Vous savez, d’ailleurs, que le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch a un allant extraordinaire18. »

Précieuses promesses, mais, aujourd’hui, hélas ! il n’y a que l’Allemagne qui soit en mesure de prendre l’offensive et elle la prend avec une aisance et une rapidité qui contrastent avec les lenteurs de la Russie. Le Luxembourg est envahi par le VIIIe corps et par une division de cavalerie. D’après notre état-major général, les forces allemandes envoyées en Belgique paraissent se composer de cinq corps d’armée différents et de quatre divisions montées. La cavalerie marcherait au nord et au sud de Liége : d’un côté sur Waremme, de l’autre dans la direction de Huy. Les forts ont été l’objet d’attaques répétées. Les renseignements sont plus confus qu’hier. On dit qu’une colonne d’automobilistes est entrée par surprise au cœur de la ville et qu’après s’être emparée du poste de commandement, elle a été expulsée par la garnison. Malgré la violence des assauts, aucun fort ne serait pris. L’état-major belge s’est réfugié dans l’un d’eux. M. Klobukowski ajoute à ces détails que l’objectif général de l’armée ennemie paraît être Maubeuge19.