Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/306

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Dans un article qu’il a publié à leur arrivée, Maurice Barrès s’est demandé si ces deux hirondelles annonçaient le retour du gouvernement. Je le souhaiterais. Mais ce sont, au contraire, les deux hirondelles qui ont rejoint leurs sœurs sous le soleil de la Gironde. Elles sont, du reste, toutes deux enchantées de leur envolée passagère. Gallieni, accoutumé à toutes les conquêtes, a fait sans aucun effort celle de Sembat et de Briand. Le ministre socialiste me parle du gouverneur avec grand enthousiasme et cet éloge chaleureux, qui est pour moi tout à fait superflu, mettra fin, je l’espère, à toutes les suppositions malveillantes dont M. Clemenceau et quelques ministres ont été les dupes. Non seulement Sembat a pleine confiance dans le loyalisme de Gallieni, mais il l’approuve de s’être assuré la collaboration de M. Doumer, dont la force de caractère et l’étonnante capacité de travail sont, dit-il, d’un grand secours dans l’administration civile du camp retranché.

« Le général Gallieni, me déclare à son tour Briand, a une attitude parfaite. Il ne recherche nullement la popularité et ne songe qu’à remplir son devoir. Sembat et moi, nous avons visité le secteur nord, où de grandes améliorations ont été réalisées dans l’organisation de la défense. Le général demande qu’on lui envoie de l’artillerie de marine. J’en ai parlé à Augagneur, qui va s’empresser de faire le nécessaire. Les pièces seront disposées de manière à prendre en enfilade les voies ferrées qui sont indispensables aux Allemands pour le transport de leurs obusiers de 420. On pourra ainsi empêcher l’ennemi de mettre ces obusiers en position. Gallieni pense que, cette précaution prise, Paris, en cas de retour offensif,