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ancien ministre de la Guerre, s’est mis à la tête de ce mouvement populaire. Notre ministre, M. Blondel, va jusqu’à croire qu’avant la fin de la semaine, le gouvernement roumain décrétera la mobilisation et se déclarera pour nous. Le roi devra signer ou abdiquer26. C’est aussi ce qu’espère M. Lahovary. Mais j’ai bien peur que l’un et l’autre ne prennent leur désir pour une réalité.



22. Petrograd, 16 septembre 1914, n° 617.
23. Petrograd, 15 septembre, n° 612.
24. 16 septembre, n° 618.
25. Du général de Laguiche, Petrograd, 15 septembre, n° 611.
26. Bucarest, n° 109.


Jeudi 17 septembre

Le sourire du colonel Pénelon a retrouvé son rayonnement. Le fidèle officier de liaison m’apporte aujourd’hui toute une brassée d’informations optimistes. Il vient en grande vitesse du G. Q .G., qui s’est établi à Reims. « À Reims ? dis-je. Mais n’est-ce pas la nouvelle ligne de feu ? » Le colonel reconnaît qu’on est peut-être allé un peu vite en choisissant pour cette installation une ville aussi voisine de l’ennemi et qu’on ne pourra y maintenir les services du commandement. À la vérité, on ne s’attendait pas à ce que les Allemands fissent front aussi brusquement. Reims est bombardé par des batteries que l’ennemi a placées dans les forts situés à l’est de la ville. Le général Joffre estime cependant que c’est malgré eux que les Allemands ont accepté la bataille et que c’est la vigueur de notre poursuite qui la leur a imposée. Ils se sont, il est vrai, assez fortement retranchés pour ne plus pouvoir être délogés par des attaques de front. Mais nous nous préparons, dès maintenant, à les tourner par les deux ailes. Le XIIIe corps, prélevé sur l’armée Dubail, a débarqué depuis hier à notre gauche pour renforcer l’armée Maunoury et,