Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/374

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place et, comme il n’était pas transportable, elles le laissaient là, mais elles se passaient secrètement la consigne pour qu’il lui fût remis un peu de nourriture. Dès qu’elles l’ont pu, elles l’ont ramené, tout ravi de la manière dont il avait été traité par les nôtres. Pendant ce temps, sous prétexte d’abréger la guerre par la terreur, les Allemands brûlaient nos villages et fusillaient nos paysans. Mais restons nous-mêmes et sachons montrer que, jusque dans les plus cruels conflits internationaux, nous entendons concilier, dans toute la mesure du possible, les obligations envers la patrie et les devoirs envers l’humanité.

Avec le général Franchet d’Esperey, nous allons visiter à Jonchery, où il se propose de transporter son quartier général, une gare d’évacuation de blessés et une ambulance immobilisée. Je me renseigne sur la manière dont fonctionnent les services sanitaires et la correspondance postale, à propos desquels je continue à recevoir des plaintes quotidiennes. Il y a des améliorations sensibles, mais que d’irrégularités encore et que de lacunes !

Déjeuner à Château-Thierry, chez M. Couesnon, député, et départ immédiat pour Villers-Cotterêts, où se trouve le quartier général de la 6e armée, celle de l’Ourcq, toujours commandée par le général Maunoury. C’est un ancien artilleur de 1870. Il a été blessé à la bataille de Champigny. Je l’ai connu commandant militaire au Palais-Bourbon et gouverneur de Paris en 1912. Il a été atteint, à ce moment, par la limite d’âge et il n’a été rappelé à l’activité que le 20 août dernier, à la veille de la bataille où son rôle a été si utile et si brillant. Il regrette, lui aussi, comme Franchet d’Esperey, de n’avoir pas ordre de reprendre l’offensive. Il me