Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/38

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Le Conseil des ministres prescrit à M. Philippe Berthelot, directeur adjoint au Quai d’Orsay, de partir pour Bruxelles et pour Louvain, de voir le chef d’état-major général belge, de demander audience au roi Albert et de nous apporter des renseignements précis.

Des pays plus lointains, les nouvelles sont encore moins claires et notre ignorance aggrave nos inquiétudes. Nous savons cependant que M. Sazonoff vient encore de mettre au jour d’autres combinaisons diplomatiques. Il propose d’offrir à la Roumanie, outre la garantie de son intégrité territoriale, la majeure partie de la Transylvanie et de la Bukovine, et de promettre au roi Ferdinand de Bulgarie quelques districts macédoniens28. Je persiste à trouver que ces ventes à terme de populations orientales et de peaux d’ours vivants ont quelque chose d’aventureux et de puéril.

De si vastes horizons ne s’ouvrent pas encore devant nous. Bien que l’Autriche-Hongrie ait déclaré hier soir la guerre à la Russie, le comte Szecsen demeure toujours tranquillement dans son bel hôtel de la rue de Varenne. Il a dit à son dentiste, qui est étranger et qui a répété le propos au docteur Widal : « La Commune nous sauvera. » Mais la Commune n’éclate que dans la déception, et la défaite. Nous n’en sommes point là, mon cher ambassadeur !

Nous avons même remporté aujourd’hui une victoire. Le VIIe corps, appartenant à la 1re armée, que commande le général Dubail et dont le quartier général est à Épinal, est entré en Haute-Alsace par cette trouée de Belfort, qui s’ouvre depuis 1871