Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/389

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et de se conformer sur tous les points à ses désirs. Je fais venir le baron Guillaume et je le prie de transmettre au roi en chiffre ce télégramme que je ne crois pas prudent de lui expédier en clair : « J’apprends la décision prise par le gouvernement royal. Le gouvernement de la République en est profondément touché et va immédiatement arrêter toutes les mesures nécessaires pour assurer en France le séjour de Votre Majesté et de ses ministres en pleine indépendance et souveraineté. Je tiens à dire personnellement à Votre Majesté combien mes compatriotes seront fiers de lui offrir, jusqu’à l’heure de la victoire commune, l’hospitalité de la ville qu’Elle a choisie et je la prie de croire à mon inaltérable amitié. » Le roi m’adresse, par l’entremise de sa légation, cette prompte réponse : « Monsieur le Président. Je suis profondément touché de l’hospitalité que la France est disposée à offrir, si cordialement, au gouvernement belge et des mesures que le gouvernement de la République prend pour assurer notre pleine indépendance et notre souveraineté. Je vous en exprime ma très vive gratitude. Nous attendons avec une inébranlable confiance l’heure de la victoire commune, luttant côte à côte pour une cause juste. Notre courage ne connaîtra jamais de défaillance. Je vous prie de croire, monsieur le Président, à mon inaltérable amitié. Signé : ALBERT. »

Un bolide entre dans mon cabinet. C’est Charles Humbert, mon ancien collègue de la Meuse au Sénat. Pour occuper son activité parfois un peu débordante, M. Augagneur lui a donné, au nom du ministère de la Marine, mission de procéder en Amérique à des achats de munitions, de chevaux, d’objets de harnachement et d’équipement. Il a