Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/401

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du conseil municipal de Paris, une lettre personnelle et très digne où il m’exprime la crainte que les prélèvements successifs opérés sur les troupes de la garnison ne laissent désormais la ville insuffisamment défendue. Je lui réponds que le gouvernement a déjà pris toutes les dispositions nécessaires pour combler les vides, pour envoyer à Paris des pièces de divers types et pour faire en sorte qu’entre le front actuel et le camp retranché, il fût établi toute une série de lignes de défense ; et j’ajoute : « Il va de soi que si le sort des armes amenait de nouveau l’ennemi à proximité de Paris, une de nos armées viendrait contribuer à une défense que nous tenons, comme vous, pour indispensable et pour sacrée. Personnellement, j’ai tant de reconnaissance et d’affection pour la population parisienne que rien de ce qui la touche ne saurait me laisser insensible. »

À la fin de la journée, l’ambassade de Russie prévient Delcassé qu’elle a reçu de Petrograd un télégramme lui annonçant enfin une grande victoire sous Varsovie. Les Allemands seraient en retraite.


Jeudi 22 octobre

MM. Briand et Sarraut, qui sont accompagnés dans l’Est par mon frère Lucien, ont poussé jusqu’à Verdun et ils y ont constaté que le fort de Douau-mont avait été bombardé ces jours-ci par l’artillerie allemande, sans que le G. Q. G. nous en eût informés.

Grande discussion en Conseil des ministres. J’insiste de nouveau sur les raisons qui, à mon avis, rendent nécessaire notre prompt retour à Paris. Viviani, que j’ai peu à peu gagné à mon opinion, se