Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous ne voulons pas jusqu’ici rompre avec Vienne, bien que la monarchie dualiste ait maintenant déclaré la guerre à la Russie et bien que les termes de nos conventions trentenaires avec cette dernière puissance nous obligent à la seconder contre ses deux ennemis. La situation devient donc de plus en plus anormale. L’Autriche est libre d’envoyer où elle veut ses troupes et son artillerie, de mêler son armée à celle de l’Allemagne, de paralyser, d’accord avec son alliée, les mouvements de la Russie et, sans bouger, nous la regardons. Le comte Szecsen reste à Paris et l’opinion commence à s’étonner d’un état de choses qui n’est ni la paix, ni la guerre.

Les nouvelles de Liége sont aujourd’hui fort troubles29. M. Philippe Berthelot est arrivé à Bruxelles ce matin30, après avoir été arrêté maintes fois par les petits postes français et surtout par les gardes civiques belges, placés en sentinelles, tous les cent mètres, au bord des routes royales. Voici les informations qu’il a recueillies. Trois corps allemands sont toujours devant Liége, qui est aux trois quarts investie ; la ville est occupée, mais les forts restent intacts et prêts à rejeter les assaillants. Une force de quatre-vingt mille hommes couvre Bruxelles et se prépare à repousser, en avant de la capitale, l’offensive ennemie.

M. Berthelot a vu M. de Broqueville, président du Conseil et ministre de la Guerre, qui lui a fermement indiqué ses intentions : défense acharnée des forts liégeois, défense non moins opiniâtre des