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du moins, l’ennemi n’est venu, dans ma chère vallée de l’Ornain, qu’en aval de Bar-le-Duc et mes compatriotes n’auront pas revu des soldats allemands sur la place Reggio, autour de la statue du maréchal Oudinot.

Dîner à la préfecture, avec M. Aubert, préfet, Mme Aubert et quelques amis barrisiens. Des-chanel est tout autre qu’au départ de Paris. Il a secoué sa mélancolie. Il est gai, spirituel, brillant ; il fait l’admiration de tous les convives. Nous téléphonons à Bordeaux pour savoir si le ministère des Affaires étrangères a des nouvelles de Russie. Il en a, et de bonnes.



2. Voir La guerre de 1914-1918 dans la Meuse, par Ch. AIMOND, chanoine honoraire de Verdun. Verdun, librairie Martin Colardelle p. 75 et s.


Samedi 28 novembre

Avant de quitter Bar-le-Duc, dont les habitants ont peu à peu connu ma présence et viennent me témoigner des sentiments qui n’ont jamais varié, je vais, dès le matin, voir de malheureux réfugiés des communes envahies, hospitalisés dans une maison de la rue de la Banque. Ces pauvres gens couchent dans de petites chambres, les uns sur des lits de camp, les autres sur la paille. Aucun ne se plaint et notre courte visite illumine tous le» visages. Après avoir ensuite porté nos encouragements à d’autres typhiques, soignés à l’extrémité opposée de la ville, dans les casernes neuves, nous partons pour Commercy, au milieu d’un brouillard très dense, qui se lève peu à peu sur notre parcours.

Nous sommes reçus à Commercy par le général Dubail, qui commande la lre armée, et par le général de Mondésir, qui commande le VIIIe corps. Ils nous disent tous deux qu’une bataille très âpre se livre, depuis trois jours, du côté d’Apremont-