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Dimanche 20 décembre

Des Vosges à Nieuport, nous continuons à perdre ou à gagner des tranchées. Mais la monotonie du communiqué journalier commence à apprendre au public que la fin des hostilités est encore très éloignée. L’opinion parisienne s’habitue peu à peu à cette idée et ne donne aucun signe de lassitude.

Mme Poincaré et moi, nous passons une partie de notre temps à visiter des hôpitaux et des œuvres de guerre auxquelles nous apportons nos offrandes. Il s’en est déjà fondé un grand nombre qui rendent de réels services aux soldats et à leurs familles. Les initiatives privées secondent d’un zèle efficace les initiatives officielles. Toutes les classes de la population donnent à l’envi d’admirables exemples de dévouement et de générosité. Cet horrible fléau qui s’appelle la guerre suscite, malgré tout, dans notre pays martyrisé, non seulement des sursauts d’héroïsme, mais des miracles de sacrifice et de bonté.

M. Isvolsky a remis à Delcassé, de la part de M. Sazonoff, une nouvelle note où le ministre russe, qui continue à enfanter une idée chaque matin et à l’abandonner chaque soir, propose un quarantième ou cinquantième moyen, infaillible comme les précédents, de reconstituer le bloc balkanique et de nous gagner la Bulgarie par des concessions territoriales. Il s’agit maintenant de pousser M. Bratiano à engager des pourparlers avec Belgrade et avec Sofia. D’accord avec le Conseil, Delcassé fait remarquer à la Russie que M. Pachitch ne veut pas accorder à la Bulgarie des avantages en Macédoine avant l’heure où, par une extension de ses propres frontières, la Serbie pourra réaliser elle-