Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/64

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vient, à la demande du ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, mis lui-même en mouvement par le représentant de l’Allemagne, de transmettre au gouvernement royal cette note de la Wilhelmstrasse : « La forteresse de Liége a été prise d’assaut après une défense courageuse. Le gouvernement allemand regrette très profondément que, par suite de l’attitude du gouvernement belge contre l’Allemagne, on en soit arrivé à des rencontres sanglantes. L’Allemagne ne vient pas en ennemie en Belgique ; c’est seulement par la force des événements qu’elle a dû, à cause des mesures militaires de la France, prendre la grave détermination d’entrer en Belgique et occuper Liége, comme point d’appui pour ses opérations militaires ultérieures. Après que l’armée belge a, par sa résistance héroïque contre une grande supériorité de forces, maintenu l’honneur de ses armes, le gouvernement allemand prie le roi des Belges et le gouvernement belge d’épargner à la Belgique les horreurs ultérieures de la guerre. Le gouvernement allemand est prêt à tout accord avec la Belgique qui peut se concilier avec les arrangements de celle-ci et de la France. L’Allemagne assure encore solennellement qu’elle n’a pas l’intention de s’approprier le territoire belge et que cette intention est loin d’elle. L’Allemagne est toujours prête à évacuer la Belgique aussitôt que l’état de guerre le lui permettra. » Ainsi, le gouvernement impérial ne s’est pas rendu à l’évidence. Bien que son état-major ait prémédité la violation de la Belgique, bien que le texte de l’ultimatum ait été envoyé à Bruxelles avant la déclaration de guerre, bien que notre plan XVII ait prévu que ce serait à l’Est que nous aurions à nous défendre ; bien qu’aujourd’hui