Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 8, 1931.djvu/10

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Sarrail a cru devoir, sans en référer au gouvernement, faire arrêter et expulser de Salonique les consuls des puissances ennemies, dont l’action devenait, d’après lui, dangereuse pour nos troupes. (Télégramme de M. Graillet, Salonique, n° 204 — et de M. Guillemin, Athènes, n° 1107.) Le général télégraphie au ministre de la Guerre que depuis cette expulsion, un calme complet règne dans la ville. Le consul des États-Unis a été chargé de la protection des nationaux turcs, bulgares, allemands et autrichiens. La mesure n’en a pas moins provoqué non seulement les protestations des États intéressés, mais celles du gouvernement grec.

M. Paléologue nous a informés (nos 1568 de 1915 et n° 1 de 1916) qu’une dame d’honneur de l’impératrice de Russie, Maria Vasiltchikova, après avoir déjà écrit à l’empereur pour lui rapporter des conversations qu’elle aurait eues en Allemagne avec le ministre von Jagow et avec le grand-duc de Hesse, était revenue à Petrograd pour y continuer, au nom de ces deux personnages, des tentatives de paix. Elle apportait un message du grand-duc pour Nicolas II et Alexandra Feodorovna. Par ordre de l’empereur, elle a été internée à Tchernigov pour avoir accepté une mission d’un souverain ennemi.

Dimanche 2 janvier.

Le commandant Langlois, de retour de Russie, me communique ses impressions. Personne ne commande plus dans l’empire. Nicolas II est de plus en plus poussé à la réaction par son gouver-[1]

  1. V. Revue d’histoire de la guerre mondiale, « les Tentatives de paix séparée entre l’Allemagne et la Russie tsariste (1914-1917) » p. 231.