Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 8, 1931.djvu/29

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connaît Alexandrette et tout l’arrière-pays, jusques et y compris Mossoul.

Ribot et Nail se sont mis d’accord sur un projet d’avances aux armateurs, qu’ils présentent à ma signature et qu’ils vont s’efforcer de faire voter rapidement.

Le prince Albert de Monaco me raconte qu’il y a quelques années, il s’est trouvé avec le kronprinz impérial chez le prince Théodore de Bavière, le savant et célèbre oculiste, père de la reine Elisabeth ; on causait des déserteurs de Casablanca, et le kronprinz disait d’un ton tranchant : « Mon père a eu tort d’arranger les choses. Une nation qui a conscience de sa force ne doit jamais céder. »

Mercredi 12 janvier.

Jofïre, Castelnau, et le colonel Barès affirment catégoriquement que la crise de l’aviation, dont quelques journaux font si grand bruit, n’existe pas et que notre supériorité sur l’ennemi est incontestable. D’accord avec les ministres, je demande cependant que l’on fasse le nécessaire pour activer la fabrication, que le sous-secrétariat de l’artillerie fournisse l’acier et la main-d’œuvre, et que, ce premier devoir accompli, on arrête une campagne qui est de nature à semer le découragement.

Je rends compte des constatations que j’ai faites dans les cantonnements, manque de poêles, de lanternes, de châlits, de paille. Je prie Joffre d’organiser une inspection plus sévère.

Dubost et Deschanel, réélus présidents des Chambres, me font leurs visites officielles. Le premier est toujours très confiant, le second est moins sombre qu’il y a quelques mois.