Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/134

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Cela serait très bien si les deux corps A et B étaient seuls en présence et soustraits à l’action du reste du monde. Il n’en est rien ; l’accélération de A n’est pas due seulement à l’action de B, mais à celle d’une foule d’autres corps C, D… Pour appliquer la règle précédente, il faut donc décomposer l’accélération de A en plusieurs composantes, et discerner quelle est celle de ces composantes qui est due à l’action de B.

Cette décomposition serait encore possible, si nous admettions que l’action de C sur A s’ajoute simplement à celle de B sur A, sans que la présence du corps C modifie l’action de B sur A, ou que la présence de B modifie l’action de C sur A ; si nous admettions, par conséquent, que deux corps quelconques s’attirent, que leur action mutuelle est dirigée suivant la droite qui les joint et ne dépend que de leur distance ; si nous admettions, en un mot, l’hypothèse des forces centrales.

On sait que, pour déterminer les masses des corps célestes, on se sert d’un principe tout différent. La loi de la gravitation nous apprend que l’attraction de deux corps est proportionnelle à leurs masses ; si r est leur distance, m et m′ leurs masses, k une constante, leur attraction sera

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Ce qu’on mesure alors, ce n’est pas la masse, rapport de la force à l’accélération, c’est la masse