Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/137

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suivante, qui n’est qu’un aveu d’impuissance : les masses sont des coefficients qu’il est commode d’introduire dans les calculs.

Nous pourrions refaire toute la mécanique en attribuant à toutes les masses des valeurs différentes. Cette mécanique nouvelle ne serait en contradiction ni avec l’expérience, ni avec les principes généraux de la dynamique (principe de l’inertie, proportionnalité des forces aux masses et aux accélérations, égalité de l’action et de la réaction, mouvement rectiligne et uniforme du centre de gravité, principe des aires).

Seulement les équations de cette mécanique nouvelle seraient moins simples. Entendons-nous bien : ce seraient seulement les premiers termes qui seraient moins simples, c’est-à-dire ceux que l’expérience nous a déjà fait connaître ; peut-être pourrait-on altérer les masses de petites quantités sans que les équations complètes gagnent ou perdent en simplicité.

Hertz s’est demandé si les principes de la mécanique sont rigoureusement vrais. « Dans l’opinion de beaucoup de physiciens, dit-il, il apparaîtra comme inconcevable que l’expérience la plus éloignée puisse jamais changer quelque chose aux inébranlables principes de la mécanique ; et cependant ce qui sort de l’expérience peut toujours être rectifié par l’expérience. »

Après ce que nous venons de dire, ces craintes paraîtront superflues. Les principes de la dynamique nous apparaissaient d’abord comme des