Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les vitesses que nous avions pu observer jusqu’ici étaient bien faibles, puisque les corps célestes, qui laissent bien loin derrière eux tous nos automobiles, font à peine du 60 ou du 100 « kilomètres » à la seconde ; la lumière, il est vrai, va 3,000 fois plus vite, mais ce n’est pas une matière qui se déplace, c’est une perturbation qui chemine à travers une substance relativement immobile comme une vague à la surface de l’océan. Toutes les observations faites avec ces faibles vitesses montraient la constance de la masse, et personne ne s’était demandé s’il en serait encore de même avec des vitesses plus grandes.

Ce sont les infiniment petits qui ont battu le record de Mercure, la planète la plus rapide : je veux parler des corpuscules dont les mouvements produisent les rayons cathodiques et les rayons du radium. On sait que ces radiations sont dues à un véritable bombardement moléculaire. Les projectiles lancés dans ce bombardement sont chargés d’électricité négative, et on peut s’en assurer en recueillant cette électricité dans un cylindre de Faraday. À cause de leur charge ils sont déviés tant par un champ magnétique que par un champ électrique, et la comparaison de ces déviations peut nous faire connaître leur vitesse et le rapport de leur charge à leur masse.

Or, ces mesures nous ont révélé d’une part que leur vitesse est énorme, qu’elle est le dixième ou le tiers de celle de la lumière, mille fois celle des planètes, et d’autre part que leur charge est très