Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une sensation unique, mais d’une suite de sensations, mais encore un être immobile n’aurait pu jamais l’acquérir puisque, ne pouvant corriger par ses mouvements les effets des changements de position des objets extérieurs, il n’aurait eu aucune raison de les distinguer des changements d’état. Il n’aurait pu l’acquérir non plus si ses mouvements n’étaient pas volontaires ou s’ils n’étaient pas accompagnés de sensations quelconques.


Condition de la compensation. — Comment une pareille compensation est-elle possible de telle façon que deux changements, d’ailleurs indépendants l’un de l’autre, se corrigent réciproquement ?

Un esprit qui saurait déjà la géométrie raisonnerait comme il suit :

Pour que la compensation se produise, il faut évidemment que les diverses parties de l’objet extérieur d’une part, les divers organes de nos sens d’autre part, se retrouvent après le double changement, dans la même position relative. Et pour cela il faut que les diverses parties de l’objet extérieur aient également conservé, les unes par rapport aux autres, la même position relative et qu’il en soit de même des diverses parties de notre corps les unes par rapport aux autres.

En d’autres termes, l’objet extérieur, dans le premier changement, doit se déplacer à la façon d’un solide invariable et il en doit être de même de