Aller au contenu

Page:Poincaré - La mécanique nouvelle, 1923.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus haut. Je reprends la figure que je faisais tout à l’heure à propos de l’aberration des étoiles. Nous avons vu que l’angle COC’, (fig. 27) qui mesure l’amplitude de l’oscillation annuelle d’une étoile produite par l’aberration, n’est pas égal à l’angle C1OC’1, qui mesure l’amplitude de celle de l’étoile diamétralement opposée. Nous avons dit que la comparaison de ces deux angles pourrait nous révéler la vitesse absolue du Soleil, ce qui est contraire au principe de relativité.

Puisque nous admettons maintenant ce principe, il faut bien qu’on n’ait aucun moyen de reconnaître que ces deux angles sont différents, et cela semble d’abord un peu mystérieux. Mais nos instruments de mesure, c’est-à-dire les cercles gradués dont se servent les astronomes, sont déformés par la translation du Soleil, ainsi que je l’expliquais à l’instant ; naturellement cette déformation altère nos mesures ; et elle les altère précisément de façon à réaliser une parfaite compensation. Telle serait, d’après les partisans de la Nouvelle Mécanique, l’explication de ce fait paradoxal.


Telles sont les bases de la nouvelle mécanique ; avec l’appui de ces hypothèses, on trouve qu’elle est compatible avec le principe de relativité.

Mais il faut la rattacher alors à une conception nouvelle de la matière.

Pour le physicien moderne, l’atome n’est plus l’élément simple ; il est devenu un véritable univers dans lequel des milliers de planètes gravitent autour de soleils minuscules. Soleils et planètes sont ici des particules électrisées, soit négativement, soit positivement ; le physicien les appelle électrons et bâtit le monde avec elles. D’aucuns se réprésentent l’atome neutre comme une masse centrale positive autour de laquelle circulent un grand nombre d’électrons chargés négativement, dont la masse électrique totale est égale en grandeur à celle du noyau central.

Cette conception de la matière permet de rendre compte aisément de l’augmentation de la masse d’un corps avec sa vitesse, dont nous avons fait un des caractères de la mécanique nouvelle. Un corps quelconque n’étant qu’un assemblage d’électrons, il nous suffira de le montrer sur ces derniers. Remarquons, à cet effet, qu’un électron isolé se déplaçant à travers l’éther engendre un courant électrique, c’est-à-dire un champ électro-magnétique. Ce champ correspond à une certaine quantité d’énergie localisée, non dans l’électron, mais dans l’