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hypothèses cosmogoniques

de sa valeur. Or nous avons vu que, pour compenser la perte de chaleur du Soleil, Lord Kelvin avait besoin d’admettre que la masse de cet astre s’accrût par an de

de sa valeur, chiffre incomparablement plus fort que le précédent. La chute effective des météores sur le Soleil est donc beaucoup trop faible pour être capable d’entretenir sa radiation : l’hypothèse météorique est à rejeter.

184.On sait que les rayons ultraviolets ont la propriété d’ioniser les gaz. Comme la lumière solaire est riche en rayons ultraviolets, on peut penser que l’atmosphère du Soleil contient des gaz ionisés. Les ions ont la propriété de condenser les vapeurs, et cette propriété appartient en général à un bien plus haut degré aux ions négatifs qu’aux ions positifs (expérience (de M. Wilson sur la condensation de la vapeur d’eau). Les ions négatifs de l’atmosphère solaire doivent donc condenser la matière autour d’eux et former de fines particules qui seront repoussées par la pression de radiation. Les particules de matière coronale sont donc chargées négativement, et il doit rester à la surface du Soleil une charge d’électricité positive. Toutefois, cette charge positive du Soleil ne peut pas dépasser une certaine limite, au delà de laquelle elle deviendrait assez puissante pour retenir les particules chargées négativement, malgré la répulsion que leur fait subir la pression de radiation. Tous les phénomènes électriques résultant de la pression de radiation cesseraient du coup. M. Arrhenius estime que cette charge limite du Soleil est de 250 milliards de coulombs.

Le Soleil, étant donc chargé positivement, attire à lui tous les électrons négatifs libres qui parcourent l’espace. Ces électrons, une fois captés, condenseront autour d’eux la matière de l’atmosphère solaire et reformeront des particules qui seront de nouveau chassées par la pression de radiation : ces particules s’aggloméreront au loin en météorites qui, sous l’influence de la lumière ultraviolette, perdront leur charge négative sous forme d’électrons libres ; ceux-ci seront de nouveau captés par le Soleil et le même cycle recommencera. Bien entendu, il ne faut pas voir dans ce cycle l’origine de l’entretien de la chaleur solaire, puisque dans ce cycle il y a constam-