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hypothèse de kant

4.Kant s’occupe aussi de la formation de l’anneau de Saturne :

« Pour montrer, par un autre exemple, que la simple action de la gravitation, en réunissant des éléments dispersés, produit nécessairement des effets d’une telle régularité, je vais dire comment l’anneau de Saturne a pu et dû se former par une voie entièrement mécanique. Que l’on veuille bien m’accorder seulement ceci : à l’origine, sous l’influence de la chaleur, l’atmosphère de Saturne s’est développée bien au delà de ses limites actuelles ; plus tard, elle s’est refroidie, et les particules atmosphériques qui s’étaient élevées ont commencé à retomber sur la planète. Cela posé, le reste suit avec une rigueur toute mécanique. Les particules de cette atmosphère, en s’élevant, ont emporté avec elles la vitesse de rotation qu’elles possédaient primitivement, selon la place qu’elles occupaient sur la planète. Elles ont donc dû, d’après les règles des forces centrales, décrire librement des cercles autour du centre. Mais il s’en est trouvé dont la vitesse était insuffisante pour que la force centrifuge fît exactement équilibre à leur pesanteur ; celles-là ont du s’entre-choquer, se ralentir et finalement retomber sur la planète, tandis que les autres, à vitesses plus grandes, continuaient à se mouvoir librement sur leurs orbites circulaires. Celles-ci devaient nécessairement traverser à chaque révolution le plan de l’équateur de la planète, et s’y ramasser de manière à former une sorte de limbe dans le prolongement de ce plan. Ce limbe, formé ainsi de particules se mouvant librement autour de la planète, ne pouvait être qu’un anneau constitué principalement par les molécules équatoriales, puisque celles-ci possédaient, en s’élevant, la plus grande vitesse.

« Et comme il n’y a, entre toutes les distances au centre, qu’une seule distance pour laquelle cette vitesse équatoriale soit compatible avec le mouvement libre dans un cercle, ou pourra décrire dans le plan de ce limbe une circonférence concentrique à Saturne, au dedans de laquelle toutes les particules devront retomber sur la planète. Les autres particules comprises entre cette circonférence et le bord extérieur du limbe, sous forme d’anneau, continueront à circuler autour de la planète sans jamais retomber sur elle.

« Cette solution nous fournit immédiatement le moyen de déterminer la durée inconnue de la rotation de Saturne. En effet, la vitesse de circulation des particules situées au bord interne de l’anneau étant