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CHAPITRE ii.

HYPOTHÈSE DE LAPLACE.


7.Kant avait étendu ses conceptions à l’ensemble du monde stellaire, à toute la Voie Lactée. Laplace, dans sa célèbre hypothèse, se borne à envisager la formation du système solaire. La nébuleuse de Kant était une espèce de chaos : les matériaux, s’étant agglomérés autour de certains centres de condensation, formaient comme un essaim de météores indépendants, dont les mouvements, primitivement désordonnés, se seraient plus tard ordonnés, par suite des chocs et des frottements. La nébuleuse de Laplace, au contraire, est une véritable atmosphère gazeuse animée, dès l’origine, d’un mouvement de rotation bien uniforme. Au centre de cette atmosphère Laplace suppose une forte condensation. C’est donc une sorte d’étoile nébuleuse, constituée par une masse centrale fluide, Soleil déjà à demi formé, entourée d’une atmosphère extrêmement ténue s’étendant à une très grande distance, l’ensemble tournant d’un seul bloc. En se contractant, cette atmosphère abandonnera, dans le plan de l’équateur, une série d’anneaux successifs d’où naîtront les planètes.

8.Les premières idées de Laplace sur la formation du système solaire sont indiquées dès la première édition (1796) de l’Exposition du Système du Monde. Mais c’est seulement dans des éditions postérieures que l’exposé complet de la théorie de Laplace devient l’objet de la Note VII et dernière. Nous suivrons ici le texte du Tome VI des Œuvres Complètes de Laplace (Paris, Gauthier-Villars, 1884, p. 498-509.)

« On a, dit l’Auteur, pour remonter à la cause des mouvements primitifs du système planétaire, les cinq phénomènes suivants : les mouvements des planètes dans le même sens et à peu près dans un même plan ; les mouvements des satellites dans le même sens que ceux des planètes ; les mouvements de rotation de ces différents corps