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analyse de l’hypothèse de laplace

Pourrons-nous avoir, pour la surface libre de l’atmosphère une arête saillante, par où la condensation laissera s’échapper des molécules pour former un anneau ? Oui, s’il existe une méridienne présentant des points doubles, ce qui arrivera en général, car les trois équations

détermineront un point double situé sur l’axe des y. En effet, sur cet axe, on a

par raison de symétrie : les deux autres équations déterminent les valeurs de et de

Nous aurons donc bien une méridienne à point double, et de plus, comme nous l’apprend l’équation

en ce point double la force totale, résultante de la gravité et de la force centrifuge, sera nulle.

Donc il y aura, comme précédemment, abandon de molécules dans le plan de l’équateur. Ces molécules commenceront par décrire des cercles autour de la nébuleuse qu’elles viennent d’abandonner, puisqu’au moment de l’abandon la force centrifuge contrebalance la pesanteur. On pourrait croire, à première vue que rien n’est changé et que l’anneau ainsi formé continuera à se comporter comme un anneau de Laplace. Il n’en est rien. Représentons, en effet, un anneau AA′ (fig. 3) qui vient de se détacher de la nébuleuse. Ses molécules décrivent des cercles autour de l’axe sous l’action d’une attraction égale à la force centrifuge. Lorsque le refroidissement aura contracté la nébuleuse, la force centrifuge sera bien toujours la même, mais l’attraction, qui est celle d’un corps aplati, aura varié, (tandis que, dans l’hypothèse de Laplace, l’attraction du noyau sphérique ne variait pas avec la condensation). Il semble donc que les orbites des molécules ne pourront pas rester circulaires, et qu’elles deviendront excentriques. Mais nous verrons plus loin, à propos de la théorie de