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Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/96

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hypothèses cosmogoniques

rotation totale est nul ; les orbites sont orientées dans des directions diverses et décrites aussi bien dans un sens que dans l’autre.

Un cas beaucoup plus général sera « celui d’un amas non sphérique, non homogène et animé de tourbillonnements susceptibles de se résoudre en une gyration unique. » (p. 262.) La condensation s’opérant alors autour de quelques centres d’attraction, finira par former deux ou trois globes séparés : d’où la formation d’une étoile double ou multiple. « Et comme, dans la série des mouvements des corpuscules se précipitant vers des corps distincts, il n’a dû se présenter aucun moyen de régularisation capable d’imprimer la forme circulaire à leurs trajectoires, les étoiles finales, associées par couples, décriront des ellipses plus ou moins excentriques, ayant leur foyer commun au centre de gravité. » (p. 263.)

Abordons maintenant la formation de notre système solaire. Ce système présente cette remarquable particularité que les orbites des planètes sont presque circulaires. « Il faut donc que, parmi les conditions initiales de notre lambeau chaotique, il s’en soit trouvé une qui ait empêché les gyrations de dégénérer en mouvements elliptiques, et qui ait rectifié d’abord et fermement conservé ensuite la forme à peu près circulaire à travers toutes les péripéties. » (p. 265.) Faye suppose que le chaos partiel, le lambeau d’où est sorti le système solaire, était à l’origine une sorte de nébuleuse sphérique et homogène et que cette nébuleuse possédait un lent mouvement tourbillonnaire affectant une partie de ses matériaux. Il pense qu’à l’intérieur de cette nébuleuse se formeront des anneaux concentriques animés d’un mouvement de rotation commun, semblables à l’anneau dont la nébuleuse de la Lyre nous offre un exemple :

« Les mouvements tourbillonnaires que ce lambeau chaotique emporte dans son sein affectent une forme spiraloïde avec des vitesses dirigées à peu près perpendiculairement au rayon vecteur. Ces vitesses vont en croissant vers le centre. Il y aurait donc peu à faire pour transformer, en partie, un mouvement de ce genre en une véritable rotation, si cette dernière était compatible avec la loi de la pesanteur interne.

« Or, c’est précisément le propre de ce genre d’amas chaotique de ne permettre aux corps qui s’y meuvent que des révolutions elliptiques ou circulaires concentriques et de même durée. Des portions