Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/105

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la cause varie entre certaines limites sera proportionnelle à la distance de ces limites, pourvu que cette distance soit très petite. Si l’on n’admettait pas cette hypothèse, il n’y aurait plus moyen de représenter la probabilité par une fonction continue.

Qu’arrivera-t-il maintenant quand de grandes causes produiront de petits effets ? C’est le cas où nous n’attribuerions pas le phénomène au hasard, et où Lumen au contraire l’attribuerait an hasard. A une différence d’un kilomètre dans la cause correspondrait une différence d’un millimètre dans l’effet. La probabilité pour que la cause soit comprise entre deux limites distantes de n kilomètres, sera-t-elle encore proportionnelle à n ? Nous n’avons aucune raison de le supposer puisque cette distance de n kilomètres est grande. Mais la probabilité pour que l’effet reste compris entre deux limites distantes de n millimètres sera précisément la même, elle ne sera donc pas proportionnelle à n, et cela bien que cette distance de n millimètres soit petite. Il n’y a donc pas moyen de représenter la loi de probabilité des effets par une courbe continue ; entendons-nous bien, cette courbe pourra rester continue au sens analytique du mot, à des variations infiniment petites de l’abscisse correspondront des variations infiniment petites de l’ordonnée. Mais pratiquement elle ne serait pas continue puisque, à des variations très petites de l’abscisse, ne correspondraient pas des variations très petites de l’ordonnée. Il deviendrait