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Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/118

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sans que nous puissions nous en apercevoir, pourvu que les autres distances aient varié dans les mêmes proportions. Tout à l’heure, nous avions vu que quand je dis : Je serai ici demain, cela ne voulait par dire : Je serai demain au point de l’espace où je suis aujourd’hui, mais : Je serai demain à la même distance du Panthéon qu’aujourd’hui. Et voici que cet énoncé n’est plus suffisant et que je dois dire : Demain et aujourd’hui, ma distance du Panthéon sera égale à un même nombre de fois la longueur de mon corps.

Mais ce n’est pas tout, j’ai supposé que les dimensions du monde variaient, mais que du moins ce monde restait toujours semblable à lui-même. On peut aller beaucoup plus loin et une des théories les plus étonnantes des physiciens modernes va nous en fournir l’occasion. D’après Lorentz et Fitzgerald, tous les corps entraînés dans le mouvement de la Terre subissent une déformation. Cette déformation est, à la vérité, très faible, puisque toutes les dimensions parallèles au mouvement de la Terre diminueraient d’un cent millionième, tandis que les dimensions perpendiculaires à ce mouvement ne seraient pas altérées. Mais peu importe qu’elle soit faible, il suffit qu’elle existe pour la conclusion que j’en vais bientôt tirer. Et d’ailleurs, j’ai dit qu’elle était faible, mais, en réalité, je n’en sais rien du tout ;