Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/134

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de la position B, on a exécuté les mouvements M’.

Eh bien ! j’ai coutume de dire que les points de l’espace a et b sont entre eux comme les points a et b et cela veut dire simplement que les deux séries de mouvements M et M’ sont accompagnées des mêmes sensations musculaires. Et comme j’ai conscience que, en passant de la position A à la position B, mon corps est resté capable des mêmes mouvements, je sais qu’il y a un point de l’espace qui est au point a, ce qu’un point b quelconque est au point a, de sorte que les deux points a et a sont équivalents. C’est cela qu’on appelle l’homogénéité de l’espace. Et, en même temps, c’est pour cela que l’espace est relatif, puisque ses propriétés restent les mêmes, qu’on le rapporte aux axes A ou aux axes B. De sorte que la relativité de l’espace et son homogénéité sont une seule et même chose.

Maintenant, si je veux passer au grand espace, qui ne sert plus seulement pour moi, mais où je peux loger l’univers, j’y arriverai par un acte d’imagination. Je m’imaginerai ce qu’éprouverait un géant qui pourrait atteindre les planètes en quelques pas ; ou, si l’on aime mieux, ce que je sentirais moi-même en présence d’un monde en miniature où ces planètes seraient remplacées par de petites boules, tandis que sur l’une de ces petites boules s’agiterait un lilliputien que j’appellerais moi. Mais cet acte d’imagination me serait impossible, si je n’avais préalablement