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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/112

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scène de nuit

de Fort-Pitt par les Peaux-Rouges, une incurable tristesse s’était emparée de lui. En vain Charlie avait-il tenté des consolations appuyées sur les hypothèses les plus favorables, — mais, hélas ! les moins vraisemblables aussi, — le jeune officier y était demeuré obstinément sourd, et la seule chose qui le soulageât un peu était la pensée qu’il n’allait pas tarder à se trouver face à face avec ces maudits sauvages — Métis ou Indiens — qu’il exécrait plus que tout au monde, maintenant… Cette nuit-là, Went, commandé de ronde dans le camp, s’était arrêté, son service terminé, chez son ami, histoire, s’il ne dormait pas, de prendre une tasse de thé et de converser un brin.

— En vérité, vous venez à propos, lui avait dit Simpson. Je n’ai pu fermer l’œil jusqu’ici.

Ils causèrent.

Edward se félicita de ce qu’ils allaient toucher enfin au terme de leur trop longue route et pouvoir infliger aux rebelles les châtiments qu’ils méritaient vingt fois.

Went approuva cette façon de voir. Ni l’un ni l’autre, naturellement, ne doutait du prompt succès de la campagne. N’étaient-ils pas un millier d’hommes déterminés, guidés par des « scouts » rompus aux guerres contre les indigènes, appuyés d’une batterie de canons et armés de bonnes carabines Snider ?… Sans compter les deux chalands que le général Middleton avait achetés la veille à prix d’or aux habitants du hameau de Clark’s Crossing et à l’aide desquels ils allaient pouvoir prendre Batoche à revers…