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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/191

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les arpents de neige

chef sang-mêlé a dit que personne ne m’importunerait désormais pour cette chose. Va-t’en donc ! Je ne prononcerai pas un mot de plus !

Et il tourna les talons. Mais, d’un mouvement vif, François La Ronde lui saisit le bras :

— Arrête ! s’écria-t-il d’une voix irritée. Tu me dois des explications, homme rouge. Tu me les dois, et tu me les donneras !

— Jamais ! fit à son tour le Loucheux en se dégageant.

Déjà, le vieux métis exaspéré portait la main à sa ceinture, lorsque le Cri, le prévenant, bondit sur lui comme un félin. La lame effilée de son couteau levé brilla comme un éclair dans le soleil…

Seulement, elle ne retomba pas.

Un coup formidable qu’il reçut sur le crâne fit chanceler l’agresseur. En un clin d’œil, il fut désarmé :

— Ah ! le pouriou ! s’écria Dumont dont le poing vigoureux venait d’épargner au vieux François une blessure peut-être mortelle. Le pouriou… Ai-je assez bien fait de sortir !

Aidé du vieillard, il maintint l’homme à demi étourdi, d’ailleurs, tandis que des Métis qui passaient à quelque distance accouraient à son appel.

Deux minutes après, le Cri était soigneusement garrotté :

— Et maintenant, qu’on le mette à couvert ! s’écria le chef bois-brûlé… Cet homme va devenir de nos ennemis mortels et, avant que son sort soit réglé, il convient de le traiter comme s’il était déjà l’ami de nos adversaires.