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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/198

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hésitations

Jean, ils ne doutèrent pas que Trim y fit allusion. Mais, à cause de l’amitié bien connue du Français pour le cadet des La Ronde, ils s’abstinrent de réflexions. D’ailleurs, au même instant, un bruit de pas leur fit tourner la tête : Jean-Baptiste La Ronde s’avançait vers eux.

— Quèque j’entends ! s’écria-t-il. Le Loucheux qui se serait ensauvé ?

— Pas pus tard qu’à cette nuit, mait’Baptiste !

Appuyé des deux mains sur son fusil, Baptiste grommela :

— C’est le père qui ne sera pas content.

Trim allait répliquer lorsqu’une demi-douzaine d’éclaireurs indiens débouchèrent du petit bois qui masquait l’église. Au milieu d’eux chevauchaient Gabriel Dumont et l’aîné des fils La Ronde.

Henry de Vallonges s’avança :

— Bonjour, Pierre ! Vous arrivez, sans doute, de la coulée de Tourond !

— Mieux que ça, M’sieu le vicomte, j’arrivons tout dret de Clark’s Crossing.

— Ah !… Et il y a du neuf ?…

— Oui. Dans deux jours, on aura les Angloès su’le dos ! De ce moment, ils quittent Humboldt. Demain, ils ne seront pas loin, et, après-demain, ça se pourrait qu’y attaquent Batoche…

Tandis que le groupe des Métis commentait la sensationnelle nouvelle, Jean-Baptiste et le chef conversaient à l’écart. Dumont proposait à La Ronde un rendez-vous chez lui, un peu après le milieu du jour. Ils y discuteraient en toute liberté le cas de Jean. Pierre, aussi, pourrait y assister.