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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/217

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les arpents de neige

Au dehors, il entendait des voix. Il se leva vivement.

Du seuil, il interpella un Indien qui lui tournait le dos, occupé à garder des poneys.

— Chien-Jaune !

L’homme se retourna.

— Quels sont ceux-ci qui viennent d’arriver ?

— Ce sont trois vaillants Neyowoch, répondit le Peau-Rouge. Ils se sont glissés cette nuit aux abords du camp ennemi. Ils apportent des renseignements. Les soldats de la Mère-Blanche font route en ce moment vers le premier gué.

— Dans deux jours, on s’empoignera ! murmura-t-il, tandis qu’un sourire de satisfaction éclairait ses traits rudes.

Tout à coup, sa figure changea d’expression. Il venait d’apercevoir Rosalie Guérin, passant à vingt pas de lui.

La jeune fille ne semblait pas l’avoir vu.

Comme il demeurait indécis, partagé entre le désir de lui adresser la parole et la crainte de paraître gauche, n’ayant rien de précis à lui dire, elle tourna la tête.

Ce ne fut pas long ; à peine eut-elle aperçu Pierre qu’elle parut tressaillir et pressa le pas…

Cette conduite étrange décida le jeune homme. Poussé par son naturel ombrageux, il s’avança, bien décidé à demander à la Métisse le motif de cette attitude… Peut-être était-elle simplement mal disposée à son égard, à cause des mots un peu vifs qu’il avait laissé échapper deux jours avant. En ce cas, il s’excuserait, la rassurerait… D’ailleurs,