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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/227

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les arpents de neige

une place, s’élevaient l’église, le presbytère et quelques bâtiments publics.

Au sommet du clocher, près de la croix, on voyait flotter l’emblème de ralliement des Métis, le drapeau blanc fleurdelisé.

Là-bas, sur la rivière, le Northcote sifflait toujours. On l’apercevait, de cette hauteur, descendant le courant, à moitié désemparé, incapable de gouverner, semblait-il, et ne répondant plus que faiblement au feu de ses adversaires qui, embusqués derrière les halliers des deux rives, faisaient pleuvoir sur lui une grêle de balles.

Le général Middleton, cependant, ordonnait de mettre l’artillerie en ligne…

À l’abri de l’église Saint-Laurent et des premières maisons, les rebelles étaient massés en force, et il s’agissait de les en déloger sans retard.

Pendant que cette manœuvre s’effectuait au milieu d’un calme relatif, précurseur de tempêtes, Edward Simpson, les deux mains appuyées sur la garde de son sabre, promenait ses yeux songeurs sur les maisons du village éparses au-dessous de lui.

Il se trouvait donc, enfin, devant Batoche. Mais le plus dur de la besogne restait à faire. Ah ! certes, il eût donné beaucoup pour savoir lequel de ces toits abritait Elsie, sa chère fiancée ! Dans la lettre que le jeune Métis lui avait apportée au camp de Clark’s Crossing, elle lui assurait qu’elle lui ferait sous peu connaître le moyen de correspondre avec les prisonniers lorsque les troupes seraient devant le village. Mais la seconde lettre n’avait pu lui être remise, puisque le messager avait été frappé d’une