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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/236

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XXI
un drapeau en danger

Il était 4 heures du soir.

Enfouis jusqu’aux épaules dans leurs « rifles-pits », les infatigables tireurs bois-brûlés, aussi dispos, aussi calmes qu’aux premières minutes de l’attaque, continuaient à tenir les soldats du capitaine French en échec, à la lisière du bois.

Accueillis par une fusillade terrible dès qu’ils tentaient de pénétrer sous le couvert, les Canadiens se battaient bravement, mais sans pouvoir avancer d’un pas. De temps à autre seulement, des Scouts plus adroits et plus agiles parvenaient à se glisser derrière un tronc et à s’approcher un peu, mais ces individus isolés finissaient presque toujours par payer de leur vie leur trop grande audace.

Insoucieux des balles qui sifflaient rageusement à leurs oreilles, les principaux chefs Métis, Riel, Dumont, Garnaud, parcouraient sans relâche leurs positions, promenant de tranchée en tranchée l’exemple de leur bravoure et le feu de leur enthousiasme.

Les qualités de leur race, le sang-froid, l’énergie, l’adresse et, par-dessus tout, l’indomptable persévérance indienne, les Métis les retrouvaient sur ce terrain qui leur était familier, dans ce sous-bois, au fond des « rifles-pits », qui leur per-