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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/238

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un drapeau en danger

la voix de Jean, passe donc un peu de tabac par icite. Je n’en ai plus et j’ai « faim de fumer » aussi…

Un cri particulier, assez perçant, retentit à peu de distance sur la gauche :

— C’est Pierre, s’écria François. Cessez le feu un moment, les gâs, qu’y puisse nous aborder sans dommage.

Henry, le cadet et leurs voisins obéirent.

Une minute après, l’aîné des fils La Ronde sautait dans les tranchées, tandis que les balles, avec leur bruit désagréable, soulevaient autour de lui d’innombrables petits tourbillons de poussière en s’enfonçant dans le sol.

— Bien heureux de vous revoir, déclara le Français en serrant énergiquement la main du jeune homme. On ne savait pas trop par ici ce que vous étiez devenu !

— J’étais « emmi » mes éclaireurs, répondit Pierre. Et je vas y retourner dans un instant. J’ai seulement « accosté » icite pour vous dire un petit bonjour… N’y a pas trop de mal ?

— Pas trop… mais les munitions s’éclaircissent. Faudra bientôt songer à s’en procurer d’autres.

— Dis donc ! questionna François entre deux bouffées de tabac, ça s’est joliment passé à matin su’la rivière… Mes compliments… Ça va apprendre aux Anglouais ce que ça coûte de venir mettre le nez « chez Gariepy »…

— En effet, approuva Henry en souriant du terme familier par lequel les Métis désignent quelquefois Batoche. En effet ! Mais, ajouta-t-il vive-