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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/272

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XXIV
la lutte continue…

La journée du 11 mai 1885, qui devait marquer la fin de la lutte héroïque soutenue par une poignée de Métis franco-indiens contre les forces de la Puissance canadienne, commença aussi calme, aussi pure que les précédentes.

Peu après le lever du soleil, un grand mouvement se fit dans le camp anglais. À 6 heures, le général Middleton passa ses troupes en revue. Mais, lorsque, dans une courte allocution, il vint à prononcer ces mots : « Il nous faut enlever Batoche aujourd’hui, garçons, et en finir ! » Edward Simpson, qui n’était pas présomptueux, pensa qu’il y a parfois très loin de la coupe aux lèvres.

Dieu sait pourtant si ses camarades, ses hommes et lui-même se sentaient prêts au suprême sacrifice pour briser la résistance acharnée des rebelles et décider la victoire ! Car tous étaient braves, et tous aussi se trouvaient humiliés et irrités d’être là depuis près de trois journées, tenus en échec avec leurs six canons par des demi-Indiens armés seulement de fusils et quatre fois inférieurs en nombre… On vaincrait : cela n’était pas douteux. Mais vaincrait-on sans de nouveaux renforts ? Et Edward n’osait répondre affirmativement à cette question en songeant à l’adresse, à la force de résistance de leurs adversaires, en songeant aussi à la