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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/297

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les arpents de neige

de ça és autres ! opina enfin Baptiste, en consultant de l’œil le fermier.

— Non, appuya ce dernier. C’est ben assez de nous autres à le « savouère »… Quand le prêtre viendra pour bénir la tombe, on lui fera prendre l’autre sentier, de façon qu’y n’aient méfiance de rien à la maison…

Sur le seuil du « log-hut », ils trouvèrent Jean assis au soleil.

Ça me regaillardirait le sang que j’ai encore un peu faible, leur déclara-t-il… quoique pourtant ça commence à chauffer assez à cet endroit « icite »… Mais, qué que v’s avez ? Avez-vous « ouï » encore une mauvaise nouvelle ?

L’air un peu mélancolique et préoccupé des deux hommes expliquait cette question.

— Aucune ! s’empressa de répondre le père du blessé. N’y a-t-il pas assez de misères comme ça ?

— Comment va Athanase ? ajouta aussitôt Antoine. Je ne l’ai pas vu depuis à matin…

— Pas fort ! M’est avis qu’il n’en a plus pour beaucoup de temps et qu’on fera ben de retourner quérir le P. Léonard qu’il a déjà vu, mais qu’y voudrait « vouère » encore.

— C’est aussi mon idée, reprit Baptiste en échangeant un rapide coup d’œil avec le vieillard. Demain, j’irai le demander à la réserve.

Ils rentrèrent. Rosalie Guérin, un peu blême, un peu triste, venait de quitter la chambre du blessé qu’on entendait parler à très haute voix.

— Y divague comme ça depuis plus d’un quart d’heure, leur expliqua-t-elle. Des fois, ça le prend