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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/332

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XXIX
au camp du grand-ours

Dans les plaines, à une vingtaine de milles du Fort-Pitt, les carabiniers de Winnipeg étaient campés avec trois cents hommes d’élite du 65e régiment de Montréal et de l’artillerie.

C’était l’heure du repas. Une certaine animation régnait dans les groupes des soldats qui s’activaient autour des feux, ranimaient la flamme, faisaient bouillir l’eau du thé ou sauter les couvercles des boîtes de conserve de lard ou de bœuf… Assis sur des couvertures, près de l’entrée d’une tente, deux jeunes officiers, tout en dégustant un fin « sherry » et en fumant leurs pipes, dissertaient sur les vicissitudes de la campagne entreprise contre le « Grand-Ours », l’intraitable chef des Cris. L’un d’eux, un garçon d’une trentaine d’années, assez replet et de taille médiocre, se plaignait amèrement des longues marches sans résultat auxquelles ils étaient contraints sous le chaud soleil de fin de mai :

— Si du moins, disait-il, on était sûr, au bout de trois ou quatre jours, de joindre l’ennemi, on se consolerait, by God ! Mais songez que, depuis trois semaines, nous courons ainsi… Nos Scouts battent le pays autour du Fort-Pitt… Ils viennent avertir le colonel que les Indiens sont à tel endroit…