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l’attaque du fort-pitt

Lorsque le buggy des Clamorgan se présenta à son tour, l’un des soldats leva son falot, et, à sa clarté, miss Elsie aperçut une face énergique et bronzée, un uniforme écarlate, une ceinture de cuir jaune bourrée de cartouches, ornée d’un gros étui à revolver. Cette rapide vision lui donna une impression singulière de sécurité et de réconfort : elle se sentait maintenant sous l’égide de la civilisation, et le cours de ses pensées en fut modifié de la façon la plus agréable.

La nuit ne fut cependant pas exempte d’anxiétés, et la plupart des réfugiés ne dormirent guère.

À chaque instant, on redoutait une surprise des Indiens, dont les ténèbres favorisent les stratagèmes et accroissent l’audace.

Miss Clamorgan s’était réfugiée, avec un grand nombre de femmes et d’enfants, dans les baraquements du fort, et là, couchée sur de la paille, roulée dans des couvertures, elle finit par trouver un semblant de sommeil.

Elle fut debout dès le point du jour. Elle allait sortir du bâtiment de bois, lorsqu’elle heurta son père. Il paraissait un peu plus animé que de coutume :

Les voici ! s’écria-t-il. J’allais vous prévenir, Elsie…

Un frémissement courut dans la salle. En un clin d’œil, tout le monde fut dehors.

Déjà, les soldats de la police étaient à leur poste aux meurtrières.

Des colons réfugiés, armés de fusils, s’étaient joints à eux, ce qui portait à une soixantaine le nombre des défenseurs du fort.