Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/102

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Mais Beaugoujat déjà s’était emparé de ses mains.

— Comment allez-vous, mon bon ami ? Et Courtamblaize, Baratou ?

— Tous comme moi.

— Mes compliments, n’est-ce pas, quand vous les verrez.

— Je ne manquerai pas de leur faire part de votre bon souvenir. Il faudra venir au cercle un de ces soirs. Nous manquons de conférenciers. Vous savez combien on vous estime.

— J’songerai, répondit gravement Beaugoujat.

La bossue d’autre part le tirant par son paletot, il se retourna vivement.

— Dites donc, monsieur Beaugoujat, il n’y en a pas que pour vous ici. N’sommes aussi de la Libre-Pensée, m’n homme et mé. L’gosse que vous voyez dans mes jupons a été baptisé civilement et j’les enroulons les curés.

Le greffier, vexé des attouchements qu’avait dû subir son pardessus dernier genre, paraissait très médiocrement flatté de cette familiarité.

Mais Trouillard, homme qui se connaissait en popularité, s’écria :

— Tiens, c’est cette bonne madame Giraud. Je suis vraiment enchanté de votre souvenir à mon égard et j’éprouve grand plaisir à vous serrer la main au nom de la fraternité des peuples.

— Alors vous baptisez les enfants, interrogea le docteur Boulard ?

— Mon Dieu oui, nous suppléons l’Eglise.

— Ou le Diable, murmura Beauvoisin.

— Comme nous ne croyons à rien, vous vous imaginez bien que je m’attarderai pas à discuter.

— Je sais bien que ça vous embête de discuter avec moi.

Mais Boulard poursuivait son idée :

— Vous avez donc fondé une nouvelle religion ?

— Non, docteur, nous sommes les ennemis de toutes.

— Très bien. Dès lors je ne comprend plus…

— Seulement nous avons institué un baptême civil.

— J’entends bien, toutefois c’est imiter le catholicisme