Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se donne libre carrière et le salpêtre à barbe blanche y a ses coudées franches.

Au-devant de l’habitation, laquelle a un petit air de castel, se continue le chemin qui venant de la route du Neubourg, passe entre les deux piliers moyen âge de la porte pour aller se perdre dans les champs après avoir franchi, dans un point diamétralement opposé, une petite ouverture plus humble que la principale donnant accès dans la campagne.

Cette voie, dans toute sa longueur, est herbeuse avec des ornières, sauf dans la partie qui longe la maison où des pavés antiques et pointus la recouvrent.

Ce passage resserré entre le mur de la maison et le parapet de la mare empierrée, qui ressemble à une douve, est encombré toute la journée par les canards, les dindons et les poules attirés par la cuisine, magasin de presque toutes les choses qu’ils aiment.

Aussi, lorsque Martin envahit cette chaussée dans une vive allure, toujours à cause du bâton de houx, ce fut une panique épouvantable.

Les coqs, les poules, les dindons, les oies et les canards s’élancèrent dans toutes les directions en poussant des cris indescriptibles, mais formidables. Pendant quelques minutes le tumulte fut à son comble, surtout quand l’âne arrêté brusquement, prenant part au concert, se mit à braire horriblement.

Un poulet terrifié sauta par-dessus Beauvoisin et s’abattit bêtement dans un chaudron plein d’eau bouillante, ce qui fit rire aux larmes les servantes.

Le cultivateur, cependant, souriait tout en disant :

— Mâtin, Giraud, vous ne m’aviez pas confié que vous possédez un âne aussi vite que les chevaux du marquis de Curvilliers.

— N’est-ce pas, maître Beauvoisin, qu’il est gentil, Martin ? s’écria la bossue en descendant de la charrette. Passe-moi le sac, mon homme. Aidez-moi un peu, dites, patron, il est lourd. Bon, je vous remercie. C’est un biau petit chevreuil, bien gentil, bien gras, pour la noce de votre demoiselle. Hein, on ne vous oublie pas.