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MON FÉMINISME

Pourquoi l’art grec est-il resté grand, immortel ? Seul il eut le culte sacré de la Femme.

Créer un chef-d’œuvre est noble ; inspirer ce chef-d’œuvre est non moins noble.

Certains esprits ont objecté, objectent encore qu’au point de vue féminin l’Art est immoral. Mais en Grèce, le sentiment du Beau était inséparable de l’idée de la décence la plus parfaite, de la morale la plus délicate. L’immoralité n’existe pas pour ceux qui sont aptes à s’assimiler, capables de comprendre, donc de juger, une œuvre soi-disant immorale ou un livre réputé malsain. L’Art exerce sur nous une action tellement bienfaisante qu’on peut hardiment le surnommer « le grand consolateur de l’Humanité ».

Goûter une chose d’art, c’est goûter la proportion, la symétrie, l’ordre. Goûter ces qualités, c’est en ressentir l’amour, c’est en avoir le besoin, c’est en contracter l’habitude ; or, les yeux qui connaissent