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MON FÉMINISME

entre les deux sexes une inégalité de droits funeste à celui même qu’elle favorise ! »

Puis, insistant, il invoque la croyance de son siècle rationaliste à la Raison : « N’est-ce pas en qualité d’êtres sensibles, capables de raison, ayant des idées morales, que les hommes ont des droits ? Les femmes doivent donc avoir absolument les mêmes. »

Condorcet ne put faire prévaloir rien contre le préjugé des hommes, les seuls mâles de la création assez gonflés d’orgueil pour se croire supérieurs à leurs femelles.

Dans aucun règne de la nature, le mâle n’a plus de valeur que sa compagne. S’il possède de plus belles couleurs ou de plus beaux ornements qu’elle, c’est pour lui plaire, pour l’aider : tels les bois du cerf faits pour protéger la biche et son faon lors de la gestation et de l’allaitement. Repousser la Femme au second plan ne fut jamais dans l’ordre de la création. Ce faisant, l’homme déchaîna un désordre immense dans la marche du progrès.