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Page:Poisson - Heures perdues, 1895.djvu/225

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Traversant l’horizon de son vol fatigué.
Enfin l’homme de quart, le soir a distingué
La changeante lueur d’un lointain sémaphore.
Un seul cri fend les airs : Voici la terre encore !
C’est l’île des sanglots, la sombre Anticosti
Qui surgit. Le navire a soudain ralenti
Sa course ; alerte à bord ! Chacun sur le qui-vive
Voit l’ombre de Gamache errer sur cette rive.
Puis dans le lointain bleu, vers le sud, s’est dressé
Cet étrange granit, le rocher de Percé,
Arche immense où la mer jusque là sans servage
Vient resserrer ses flots pour atteindre au rivage,
Fantasque monument, dont les vastes arceaux
Disent de l’océan les terribles assauts.
Enfin, le fleuve immense a reçu sur son onde
Le navire emportant les pleurs de l’Ancien-Monde.
Ô géant, tu pourrais dans tes flots écumants
À jamais engloutir tous ces blonds Allemands.
Et venger d’un seul coup, ô suprême hécatombe !