Je voulois te parler touchant le Chevalier ;
Dis moy donc promptement, crainte de l’oublier ;
Pourquoy nous le voyons toûjours chez ta Maitreſſe ?
Il eſt amoureux fou, de la jeune Comteſſe,
Et jaloux qui plus eſt, mais jaloux à mourir,
Et quoiqu’il ſoit aimé, rien ne peut le guérir,
Il ſe brouille ſouvent pour une bagatelle ;
C’eſt toujours au logis quelque ſcene nouvelle ;
Et comme ma Maîtreſſe a de l’ambition,
Quelle veut des amis, de la protection,
Elle cherche à ſe rendre à chacun neceſſaire.
Et pour le ménager l’un & l’autre, & leur plaire,
Le ſcrupule qu’elle a, te le dirai-je net :
Elle veut les unir par un hymen complet,
Elle en veut faire autant, je crois, de la Barone
Avec le Conſeiller, du moins, je le ſoûpçone.
J’en ſerois aſſes aiſe, & te dis franchement
Que pour parler pour luy j’ay quelqu’engagement.
Pres d’elle j’ay promis de faire mon poſſible,
Pour les cœurs généreux ; moy j’ay l’ame ſenſible,
Mais j’entend ma Maîtreſſe.
adieu juſqu’au revoir,
Je vais continuer mon fatigant devoir,
Et porter au plûtôt des billets de parterre,
Chez les étudians & les Clercs de Notaire