Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/13

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Je voulois te parler touchant le Chevalier ;
Dis moy donc promptement, crainte de l’oublier ;
Pourquoy nous le voyons toûjours chez ta Maitreſſe ?

FRONTIN.

Il eſt amoureux fou, de la jeune Comteſſe,
Et jaloux qui plus eſt, mais jaloux à mourir,
Et quoiqu’il ſoit aimé, rien ne peut le guérir,
Il ſe brouille ſouvent pour une bagatelle ;
C’eſt toujours au logis quelque ſcene nouvelle ;
Et comme ma Maîtreſſe a de l’ambition,
Quelle veut des amis, de la protection,
Elle cherche à ſe rendre à chacun neceſſaire.
Et pour le ménager l’un & l’autre, & leur plaire,
Le ſcrupule qu’elle a, te le dirai-je net :
Elle veut les unir par un hymen complet,
Elle en veut faire autant, je crois, de la Barone
Avec le Conſeiller, du moins, je le ſoûpçone.

LISETTE.

J’en ſerois aſſes aiſe, & te dis franchement
Que pour parler pour luy j’ay quelqu’engagement.
Pres d’elle j’ay promis de faire mon poſſible,
Pour les cœurs généreux ; moy j’ay l’ame ſenſible,
Mais j’entend ma Maîtreſſe.

FRONTIN.

adieu juſqu’au revoir,
Je vais continuer mon fatigant devoir,
Et porter au plûtôt des billets de parterre,
Chez les étudians & les Clercs de Notaire