Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/17

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LISETTE.

De ces petits Meſſieurs je ſuis bien revenuë ;
Ah qu’ils ont ſelon moy, l’air vain, fou, ſot & plat ;
Et je voudrois ſçavoir quel fut le premier fat,
Qui fit naître à Paris cette Secte nouvelle ;
Ou le colifichet qu’ils prirent pour modelle :
Eſt-il rien de plus ſot que l’eſt leur entretien ?
Ils vous parlent toûjours & ne vous diſent rien.
Quel plaiſir trouve-t’on à leur entendre dire ?
Ah te voilà Marquis, vas-tu chez Artemire ?
Où ſoûpe-tu ce ſoir, mon Caroſſe viendra ?
le revins yvre hier, as tu vu l’Opera ?
Cephiſe eſt de retour ! que dit de moy Beliſe ?
Donne moy du Tabac, as tu vu la Marquiſe ?
Et cent autres diſcours, jargons des étourdits ;
Qui pourroient rendre fou tel à qui l’on les dit,
Moy je prendray bîen-tôt un Mari, je l’eſpere ;
Mais il ne ſera pas d’un pareil Caractere ;
Si vous faiſiez ainſi vous ne feriez que bien.

LA BARONE, en récitant :

Donne moy donc Liſette un cœur comme le tien.

Elle continuë naturellement.

Mais : deſaprouve tu l’air naturel & tendre,
Qui ſe fait remarquer dans le jeune Clitandre.
Je ne vois rien en luy qui lui ſoit reproché
C’eſt un eſprit pliant qui n’a rien de caché :

LISETTE.

Non il ne cache rien, il eſt plein de franchiſe
Car il montre par tout les lettres de Beliſe.