Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/21

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CHEVALIER.

Mais Madame ai-je tort, rendez-moy donc juſtice ;
Mes mouvemens jaloux viennent-t’ils du caprice ?
Quoi : dans le même inſtant que je jure à vos yeux,
Qu’excepté mon amour rien ne m’eſt précieux,
Que je fais mon bonheur de vous aimer ſans ceſſe
Que j’atteſte le Ciel que ma vive tendreſſe,
Juſqu’au dernier moment de mes jours durera,
Morbleu, vous repondez par un trait d’Opera ;
Et pour comble de maux ce trait eſt un paſſage,
Que je ne puis tourner qu’a mon deſavantage.

LA COMTESSE.

Mais quand j’ai dit cela, c’eſt ſans reflexion.

LE CHEVALIER.

Vous me pretiez vraiment beaucoup d’attention.

LA COMTESSE.

Qu’aurois-je du répondre expliqués le vous même ?

Le Chevalier veut Parler & ſe tait.


LA Comteſſe continuë en chantant ce paſſage de Roland.
J’aimerai toujours mon Berger.

LE CHEVALIER.

Eſt-ce en chantant, morbleu, qu’on doit dire qu’on
aime ?

LA COMTESSE.

Comment donc en pleurant » je hais le ſerieux,
Et ne veux point aimer un mouchoir ſur les yeux ;
Croyez-vous dittes-moi, changer mon caractere ?
Avec cet air chagrin avec ce ton colere.
Je veux bien raiſonner un inſtant avec vous,